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Prenez une 690 SM, un bon supermot' de route, un poil lourd mais bien confortable grace à sa selle large et ses suspensions douces, pratique avec son autonomie de 200 bornes et ses révisions espacées.
Maintenant mettez à coté une Husaberg 570 FS, agressive comme une racaille dans le métro avec son moteur de brute, ses suspattes "anti-conforts" et sa selle saillante à souhait. Coté aspects pratiques c'est encore pire : autonomie de 130 bornes, vidange et soupapes toutes les 15h, démarrage suivant l'humeur ( amis de la poussette bonjour) et en bonus comptez une bonne grosse facture en fin d'année quand la bielle aura fini par s'envoyer en l'air.
Pour finir, mettez la bourgeoise un peu dodue et la racaille dans la même pièce (ou la meme cave), laissez la magie de l'amour agir et attendez 9 mois, vous vous retrouverez alors avec le mix parfait : la nouvelle KTM 690 SMC-R !
Plus agile que la SM avec ses 13 kgs de moins et son réservoir placé sous la selle, gardant un coté relativement confortable, plus pechue à bas-régime grace à sa cylindrée plus importante, elle en garde les bons cotés tout en se rapprochant de la Husaberg pour le coté purement fun (comprenez wheelings et glisses), le gros atout de cette dernière.
Mais laissez moi vous faire le tour du propriétaire maintenant que les bases sont posées.
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le SM en mini-jupe
La "nouvelle" SMC-R n'est en réalité qu'une simple évolution de la 690 SMC sortie en 2008, mais aussi simple soit elle, cette évolution tape juste en corrigeant tous les points qui faisaient que je n'en voulais pas jusqu'à présent.
Car effectivement avant d'acheter la Husaberg j'avais envisagé la SMC comme un excellent compromis, mais d'une part j'avais flashé sur la 570, d'autre part la KTM avait à mon gout trop de défauts.
Pour commencer, le moteur trop creux en bas, ensuite le train avant trop flou et pour finir la selle un poil trop haute et trop dure.
Et tel Dieu, KTM a écouté mes doléances et exaucé mes prières, il dota donc la SMC-R d'un surplus de cylindrée pour remplir le trou en bas, de nouvelles suspensions avec moins de débattement pour plus de stabilité et d'une selle plus basse, plus large et donc un peu plus confortable.
Pour ne rien gacher (et vider le stock de power parts au choix), les autrichiens ont décoré le supermot' tel un arbre de Noël : jantes anodisées orange, tés de fourche idem, cadre orange, écopes latérales spécifiques, bref que du discret !
On aime ou on aime pas ce coté ostentatoire, personnellement j'ai eu le coup de foudre. Après faut juste assumer de ne pas passer inaperçu, c'est un peu comme se balader avec une jolie fille habillée un peu trop court, la SMC-R fait grosso modo le même effet sur les amateurs du genre.
Résumons, la nouvelle SMC c'est donc un vrai 690 cm3 (contre 654 auparavant), le moteur gagne 4cv et le poids reste à 139,5kgs à sec.
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échange racaille contre bonnasse
C'est donc par un frisquet matin d'Avril que je vais prendre possession de ma nouvelle meule raide de neuve chez le sympathique concessionnaire franc-comtois Cap Motos 25.
Je verse ma petite larmichette (mais un brin soulagé quand même) en abandonnant la Husaberg et prends la route pour 500kms de rodage en direction de Valence, il pleut, il fait froid, c'est parfait pour ne pas me tenter.
Confort de selle : check, c'est nickel (du moins pour mon degré d'exigeance)
Agilité : du tout bon aussi, j'ai du mal à croire qu'elle fait 20kgs de plus que la 570
Train avant : validé, j'ai un bon feeling, mais on parle d'un supermot' en réglage standard donc ça reste un peu souple, on peut pas non plus avoir du grand débattement, des réglages pour absorber les bosses et un train avant à la précision d'une ZX6R. Néanmoins je me sens en confiance et les premières portions sèches de l'Ain sont un régal.
4000 kms plus tard il est temps de faire un premier bilan.
Je n'ai quasiment pas modifié la mienne, juste peaufinée : 1 dent de moins au pignon pour plus de facilité à lever la patte, des petits clignos, un support de plaque raccourci et des protège mains solides, ceux d'origines s'étant fendus tout seuls (ça signifie sans tomber pour les mauvaises langues).
Le pot est toujours d'origine, on verra plus tard pour le changer, de toute façons ceux qui installent les kits evo 1 (boite à air ouverte, ligne complète akra) ou evo 2 (l'arbre à cames racing en plus) ont souvent des soucis de calage et perdent de la puissance en bas pour en gagner en haut, tout l'inverse de ce que j'aime donc autant la laisser tel quel ou juste avec un slip-on pour la sonorité.
pata-"termina"-tor
Allez je vous emmène faire un ptit tour : on appuie sur le démarreur, ça démarre (miracle).
Le bruit est feutré, un peu trop mais c'est pas très grave, le mono va vite se rattraper.
Jusqu'à 3000 trs, ça cogne pas mal, ensuite sur les 2 premiers rapports ça lève sans embrayage et ça pousse gentiment jusqu'à 5000 trs, juste de quoi arriver dans la zone "de travail" du moulin.
Dès 5000 on sent la différence avec l'ancien 654, ça envoie direct là ou il fallait attendre 7000 pour que les poneys débarquent, et une fois arrivé à 7000 le 690 en rajoute une louche jusqu'à pénetrer dans la zone rouge à 8000 sans sentir la courbe redescendre, le rupteur intervenant vers 9000.
Comparé à la Husaberg, les bas régimes sont moins violents, la 570 étant particulièrement impressionnante sur ce plan, mais au delà de 5000 la patate est équivalente, l'allonge en plus pour l'autrichienne.
Du coup même si elle n'a pas la capacité de lever en 5 comme la husa, elle reste particulièrement efficace et permet d'envoyer quelques beaux wheelings en 3, d'autant que l'équilibre général de la meule se confirme même sur une roue.
Pour résumer : moins bien que la husa en bas mais aussi efficace voire plus dans les tours, et dans l'absolu meilleure que mes ex-KTM.
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bumpy road bike
Passons à la partie dynamique, sur ce plan j'ai aimé la facilité du 690 SM sur tous types de routes mais tout en n'appréciant pas plus que ça le flou du train avant dans le rapide.
Ensuite il y a eu la Duke II, un train avant plus à mon gout et toujours cette faculté à rouler sur les bosses, une vraie révélation bien qu'un peu rustique.
Je pensais trouver ensuite en la Husaberg un aboutissement, mais avec le recul la partie cycle trop raide meme avec des reglages souples m'empechait d'etre à l'aise sur les petites routes moyennement revetues et m'a fait un peu perdre de ma confiance.
Eh bien ça va sembler subjectif mais la SMC-R réussit à combiner confort sur les longues étapes, à gommer les bosses sur les chevrettes et permet de jeter la roue avant avec confiance dans les virages rapides.
Et que dire de son aptitude à se mettre en glisse avec la facilité que lui offre son embrayage anti-dribble, suffit de freiner un peu fort de l'avant et de rentrer 2 rapports pour que l'arrière se mette gentiment en crabe sans balancer de coups de raquette, tout en douceur!
L'aboutissement du supermot' de route, c'est bien elle, pas de doute pour moi.
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Bref : <3 <3 <3
Par curiosité je l'ai même emmenée sur piste, à Alès et à Lédenon, et même si je manque de technique pour rouler vraiment vite on peut vraiment enfumer pas mal de monde à son guidon, et le moteur suffirait presque à Alès (un poil juste à Lédenon ou on rupte en 6 à 180 avant la passerelle).
Reste que pour un habitué de la piste en sportive ou en roadster ça reste difficile d'entrer en courbe aussi vite, le train avant d'un supermot' étant moins précis par nature.
Le frein avant est mordant à souhait, l'arrière timide mais suffisant et pas piégeux comme sur la SM ou la Duke 3, ensuite si on passe les détails, la conso d'essence est raisonnable (7l en roulant comme un bourrin, moins en rodage ou en mode parisien) soit de quoi faire 180/200 bornes sans problème, les révisions sont espacées de 10000kms (!) et à ce jour je n'ai eu absolument aucun problème technique.
Bref c'est le bonheur et je suis amoureux comme au premier jour voire plus.
AVRIL 2015 - un retour en SMCR (Olive)
Cela fait quasiment 4 ans que je n'ai pas touché de guidon, en fait depuis la balade dans les Pyrénées espagnoles, franchement mouvementée. Bon, j'avais fait un mini tour avec Ben en 2014, sur sa SMCR et sur la 125 d'Aude (la pauvre, la 125 hein, pas Aude ;) ) en étant totalement crispé (ça change du vélo d'appartement, même la 125...).
En ce début 2015, je me chauffe pour trouver une moto d'ici le printemps avec le cahier des charges suivant, par ordre de priorité : (1) moto fun (donc avec un vrai moteur qui envoie le pâté et une partie cycle à la hauteur), (2) moto permettant d'improviser en cas de danger immédiat (en particulier un droite vicieux qui se referme), (3) fiable, (4) permettant de voyager et (5) jolie.
La selection s'est affinée au fur et à mesure, avec des options très éloignées les unes des autres :
- une ZX10R 2004 (j'adore son look) : mais ne répond pas du tout au point (2)
- une daytona 675 : essayée au printemps 2015, vraiment j'ai bcp aimé cette moto mais ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas conduit que la position m'a posé problème directement -> pb pour le point (4)
- une street triple : j'avais fondé bcp d'espoirs sur cette dernière, une R ou pas, cependant l'essai d'une version de base m'a franchement déçu : autant le moteur est incroyable (y compris en 100cv), autant la partie cycle basique est complémentement dépassée et gigote, louvoie dans tous les sens dès qu'on hausse le ton. Alors, j'aurais pu prendre une R ou investir dans un meilleur amortissement certes, mais la position ne me plaisait pas des masses non plus (trop en avant vs. ma Tuono qui bénéficiait de pontets de guidons très hauts).
- une superduke R vu l'enthousiasme des autres bourrés : ouais bof, ça ne parait pas raisonnable pour un retour sur 2 roues
- une SMR990 : on dirait bien le compromis idéal et les occasions sont très belles. Le seul truc qui m'embete, c'est l'autonomie d'environ 150kms, lourdingue pour voyager
- et enfin la SMCR, vu que j'avais adoré la Duke2, même si je m'étais mis au tas avec, et la 660 de Pascal, ça ne peut etre que la même chose mais en mieux.
Au final, mon choix se porte sur cette dernière, une rapide négociation avec Squal (que je salue au passage) se solde par la commande d'un modèle 2015 avec le kit Evo 1,5 : boite à air, mapping et ligne complète Akra. Je suis comme un dingue pendant ce mois d'attente. Surtout que le timing va être serré car je recupere la bete le 25.04, ensuite, 1ere révision le 2 mai puis départ direction Marseille le 6 Mai. Autant dire qu'aucun grain de sable n'est autorisé pour faire capoter l'opération.
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Rodage express pluvieux
Voilà, nous sommes le 24.04, à 9h pétantes j'arrive à Rambouillet par le train et le sympathique et serviable Mathieu de Squal vient me chercher à la gare. On discute un peu de sa camionette qui fume mais je n'ai qu'une hâte : prendre possession de la bête et effectuer les premiers tours de roue en vallée de Chevreuse.
Ah làlà, c'est beau une moto neuve, surtout avec une ligne en titane toute neuve, des balles neuves et un petit vanity case en guise de boite à pizzas.
Bon, on ne traine pas vu qu'il ne pleut pas encore alors que Meteo France annonce un déluge pendant les 10 jours qui suivent. C'est parti, le bruit est vraiment gentillet mais c'est normal vu que je n'accelere pas pour ne pas fusiller le moulin pendant la phase de rodage et éviter qu'elle consomme de l'huile par la suite (lol, cf. plus bas).
Finalement, j'arriverais à passer entre les gouttes et à effectuer pratiquement 400kms. Les sensations reviennent rapidement, cette moto est très facile à prendre en main, j'angle gentiment, je roule à la cool et j'ai la banane. Proche de Dampierre, je croiserais quelques motards jeunots imprudents dont l'un s'est mis au tas avec sa F800R dans une descente. Ok, ça fait 4 ans que je ne conduis plus mais si les motos ont changé, pour le reste c'est toujours la même affaire : on apprend en chutant.
Pour les jours qui suivent et vu qu'il fait encore beau, je vais au boulot à moto et je fais des détours pour rentrer histoire d'en profiter. Quelle ne fut pas ma surprise en sortant de mon parking de tomber nez à nez avec un motard sur un modèle quasi identique. J'aurais tant aimé me tirer une bourre avec lui gaz en grands sur le pont de Levallois mais je suis resté sage (et lui aussi d'ailleurs). Salut à toi, Guiton ;).
S'ensuit quelques jours cataclysmiques de pluie où je me rends compte que l'exposition aux intempéries sur un supermot est très élevée (oui, sur une Tuono on est pépère à coté) et je ferais ma 1° révise avec tout juste 850kms au compteur, mort d'humidité et frigorifié.
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enfin un terrain de jeu michto ;)
Après un trajet Paris-Marseille en autotrain, je récupère la bête sur le coté de Saint Charles. D'ailleurs, pour les parisiens, je conseille vivement ce mode de transport, c'est simple, sécurisé et la livraison se fait juste à coté de la gare saint charles. En revanche c'est un peu cher (140€ pour la moto seule).
Dans Marseille rien à signaler, c'est la pagaille habituelle alors je suis aux aguets. Premier départ sur des vraies routes : Escrinet-Roquefort la Bédoule-Cuges-La Ciotat- Cassis par la route des crêtes.
Ouaouh, je rentre à la maison avec un mega sourire, cette moto est un enchantement. Je n'ai pas encore tiré dans le moteur car j'ai à peine 1000kms mais je me fais déjà super plaisir.
Le lendemain je pousse jusqu'à l'Espigoulier, une superbe route, spéciale du rallye du Var (ou de la Sainte Baume, je ne sais plus). A Gemenos, en bas du col, je me fais doubler par un Z1000 qui prend la tête mais semble lambiner un peu. Ok, je le double mais vraiment sans prétention....evidemment c'était un petit piège puisque je vois dans les rétros qu'il me suit désormais de près. On va voir un peu ce qu'elle a dans le ventre cette SMC...dès que les premieres épingles arrivent, je mets un point d'honneur à les enrouler rapide et surtout à relancer façon Jeanjean (en 1° proche zone rouge) et le Z s'éloigne peu à peu (en fait la sortie d'épingle en seconde est largement suffisante, même à 3-4k trs ça reprend très bien).
Je fais un petit aller-retour jusque de l'autre coté du col pour remonter sur le parking improvisé où les motards du coin se sont filé rendez vous. Des petits jeunes locaux en Derbi 50 viennent me voir, ils ont du confondre la SMC avec une de leur mobylettes vu qu'elle est toute fine.
Bref, ils me tapent la discute, l'un d'entre eux monte sur la SMC pour la photo (je lui dis de faire attention à ne pas laisser de traces sur la ligne d'echappement avec son jogging sinon je m'enerve ^^). A ce moment là, arrive dans un fracas étourdissant et en wheel une autre SMCR pilotée par le fameux vidéaste et acteur Centpourcentbitume, ou "le manouche qui fait de la moto" (enfin, vu l'exclamation des minots, c'est ce que j'en ai déduit). Finalement, je pars avant qu'il n'ait fini de signer les autographes ^^. Dommage, je me serais bien fait une petite arsouille avec lui. Next time ! sa chaine youtube bien cool : https://www.youtube.com/channel/UCo80GUZ_QvkS-4pcxhgsIdg
Sur le chemin du retour, entre Gemenos et Cuges, je punis un autre Z (décidement c'est pas leur journée) tellement je me sens en confiance (attention attention, si la confiance revient, la chute n'est plus loin). Le pilote, pas du tout rancunier me fait un grand signe de la main au moment où je tourne vers la petite route de Ceyreste. Ils sont cools ici :)
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Jeanjean envoie du bois à défaut de le scier avec sa nouvelle tronçonneuse
Le lendemain, je retrouve Jean à Manosque. Pour cela je prends l'autoroute calé à fond de six avec le casque qui joue des claquettes. Ok, pas vrai : Marseille - Gineste - Cassis - Roquefort - Gemenos - Espigoulier - Nans les Pins - Esparron - Manosque.
Là bas, je retrouve mon gros bucheron chez Dafy où j'avais pris soin de faire des emplettes pour la suite du programme (de l'huile et une mini bombe de graisse au prix exhorbitant de 4€).
Jean prend la direction des opérations et je le suis sur du roulant jusqu'au lac de Sainte Croix. Sur la route nous punissons un couple en goguette en Bandit. En fait, le pilote va vouloir s'amuser un peu et nous suivre mais il a du se prendre un coup de casque direct par maman et nous ne le reverrons plus.
En bas des gorges du Verdon, Jean affute les dents de sa tronçonneuse et s'en va gaiement scier des buchettes. Je m'accroche pour le suivre car sa nouvelle chiotte relance autrement bien qu'une TRX. Vu qu'il roule la plupart du temps sur le couple à 11000 trs en première, les sorties d'épingles sont canonesques. Je sue comme une bête mais je ne reviendrai sur lui qu'après un ou deux dépassements hasardeux. Sur quelques bosses, ce sera l'occasion de m'apercevoir que l'avant ne demande qu'à se soulever de terre si on ne le charge pas. Les relances sont franches mais lorsque Jean est dans les tours, je le vois s'éloigner. Allez, c'est pas la moto qui fait le pilote donc je me crache dans les pognes.
A Castellane, après la spécialité locale (une sorte de pâte étalée en rond, avec du fromage, des tomages et des champis dessus, le tout cuit au four à bois electrique) nous échangeons les motos pour prendre une partie d'A86, ou plutot les minis routes jusqu'à la magnifique clue d'Aiglun.
Honnetement, j'ai beaucoup de mal sur sa moto, on y est calé et on ne bouge plus d'un iota, ça me fait un peu peur alors je rends la main. En revanche je la trouve carrement maniable sur cette mini route et le moteur est hyper souple, c'est très agréable. Juste que je ne suis pas à l'aise tandis que Jean se sent comme à la maison sur ma brêle (faut dire qu'il descend d'une SM690R et que la katoche est super facile).
Une fois rééchangées, j'ai aussi du mal avec ma propre brele, il faut vraiment tordre la poignée pour avancer alors que la Nuda s'envolait sur une toute petite rotation et j'ai l'impression de chevaucher un VTT.
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Turini et bizarreries
Après un arret rondelles à Puget Théniers, où nous croisons une bande de hipsters locaux, nous embrayons pour arriver au Turini. Et là, c'est le drame puisque nous avons choisi de prendre les toutes petites routes (que des virages, étroites, pas de parapets avec un vide de 500m....c'est superbe mais on n'arsouille pas). Dans un village, la route se transforme en rue puis en rue en escalier qu'on descend tranquilou, enfin surtout sur la SMC avec ses grands débattements, c'est presque un plaisir. Un local nous indique que la suite n'est qu'une piste alors que la route en rouge-blanc sur la carte est certes étroite mais bitumée. OK, c'est beau mais alors il y a des trucs bizarres : dans de nombreux virages sont "garées" des voitures completement explosées (même un scooter X9) et dans un tunnel non éclairé, une sorte de masse sombre qui s'averera être un tas de bottes de paille. Chelou dans le coin.
On mettra un peu de gaz dans la montée du col, à partir de la Bollene Vésubie. Encore une fois, rien de spécial à dire sur la moto : du gros son dans les tours, une partie cycle super neutre et efficace, un moteur qui reprend fermement à 4000 et qui tire bien dans les tours, un freinage au top. C'est juste parfait pour moi.
A l'hotel des Chamois au col du Turini, on se fait accueillir par un "rangez les motos dans le dépotoir, le garage est blindé de flippers"...WTFffff ??? Bon, elle avait raison la dame, derriere l'hotel c'est un vrai dépotoir, nous laissons les breles entre le linge qui sèche, un vieil igloo en plastique, des tas de merdes abandonnées en train de rouiller et des taxis anglais déjà rouillés. Spécial quoi.
Heureusement, on nous a attribué la chambre de Mme Prada (j'avais précisé que nous étions parisiens tous les deux donc il nous faut le meilleur) et, si elle est vieillotte (pas Mme Prada, encore que...) elle fera bien l'affaire (pas Mme Prada non plus) surtout avec la terrasse ensoleillée qui domine la vallée.
Si le gite et le couvert sont un peu folklos mais honnetes, la communication de l'hotelier est assez bizarre : outre le dépotoir de l'arriere cour, entre 1/3 et la moitié de la salle de restaurant est occupée par de vieux flippers et une autre partie par de vieux juke boxes. A la question de Jeanjean si le gars fait collection, celui ci se contentera de détourner les yeux et de partir...bref, nous avalons notre lasagne et le pintadeau entre 2 flippers et un groupe de cyclistes anglais et nous roulons la viande dans le torchon pas trop tard car demain Ben m'attend à 20:10 pétantes à la gare TGV de Valence, en voiture, et nous sommes à côté ou presque.
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de la chevrette et c'est tout
Et la SMC dans tout ça ? Nickel, je n'ai pas encore mal aux fesses, un peu au poignet droit (je saurai plus tard pouquoi). En regardant le niveau d'huile, je m'aperçois qu'il en manque, de l'ordre de 150-200ml alors que j'en avais déjà rajouté l'équivalent l'après midi. Ca m'inquiete un peu mais on verra plus tard, vu que j'ai le bidon sous la main, je fais l'appoint.
Le lendemain, après un petit dej sans jus de fruits (parait qu'ils sont mauvais, d'après l'hotelier), nous enchainons, vallée de la Vésubie, col des Champs (la photo, magnifique), col d'Allos, Barcelonette puis pit stop à St Paul d'Ubaye où nous tombons sur un resto génial "Les Chamois bleus" (décidement) : la spécialité locale est une demi tomme aux herbes et au génépi, par personne, fondue, avec des patates et de la charcut. L'endroit est aussi délicieux que le plat, nous sommes dans le jardin d'une grande maison, ombragé et au calme. Ca fait plaisir.
Le rythme que nous avons adopté est plus à la balade que l'arsouille, la SMC est aussi parfaite dans ce rôle, étant toute facile à emmener et à la consommation (d'essence) très faible. Je checke le niveau d'huile...RAS. J'enroule rapide entre 4 et 6000 trs, là où est le couple est bien présent, le tout dans un Brrrraaappp absolument jouissif.
Vient le col de Vars où nous croisons des bandes de motards italiens en sportive ou en maxi trail, route sublime, paysages au top. C'est l'occasion de rouler un peu vite en prenant de l'angle, je pense que je n'aurais pas été plus vite en roadster (environ 120 dans les virages les plus larges), la partie cycle me rassure également à ces vitesses.
On est bien bien bien. Le détour de 20kms par la nationale bordant le lac d'Embrun est un vrai calvaire (prochaine fois, on prend le col du Parpaillon) : enormement de voitures et un mal de cul qui commence à arriver. Je suis ravi que Jean tourne à droite pour prendre une petite route à épingles (col de Manse) où il envoie encore comme un sourd à fond de première.
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faux rythme + pénombre + voitures = drame
Sur ces routes, on rigole bien puis on rejoint le col du Noyer, encore une route très étroite où on décide de rendre un peu la main pour garder une marge de sécurité en cas d'affrontement frontal avec une voiture ou un car de tourisme égaré.
Direction Mens et ses bons souvenirs, je prends le lead dans une ligne droite en poussant les vitesses à fond et scotche litteralement Jean sur place. Il ne s'y attendait pas et le temps de trouver la ficelle de la tronçonneuse, il mettra plusieurs hectometres à me rattraper.
Voilà, nous ne sommes pas loin de Valence (environ 1h30 à 2h à bon rythme) et nous décidons de nous attaquer au dernier col de la journée : le col de Menée entre Clelles et Chatillon en Diois. Incroyable le nombre de voitures qui en viennent, comme si tous les Grenoblois avaient passé le we dans le Diois et en rentraient à cette heure là.
Bon, du coup on roule à petit rythme et bien nous en prend car les pièges sont nombreux : route étroite et droites qui se ferment méchamment. Autour d'un de ces virages, dans la mi-ombre, je me retrouve quasi de face avec une voiture mais ça passe en serrant les fesses (c'est là que j'apprécie le plus la capacité d'improvisation de cette moto). A peine ai-je le temps de me remettre droit qu'en regardant dans le rétro, je vois passer un machin blanc et rouge dans un Kkkkrrrrrrrrr que je ne connais que trop, suivi d'une ombre noire qui glisse sur le sol. Dans l'ordre : la husky puis son pilote.
Finalement, l'incident (je ne dirais meme pas l'accident) est géré en 3mn chrono : le temps de remettre la moto droite, de vérifier qu'il n'y a rien et de repartir illico sans demander son reste.
La suite de la route est hyper chiante (enfin pour moi), il nous reste environ 80kms jusque Valence, en ligne droite ou presque, on aurait pu passer par les cols du Vercors mais nous n'avions pas 1h pour rentrer. Le joli casque enduro est bien ventilé donc très bruyant et je souffre. La jolie moto maniable revele sa nature qui consiste à faire souffrir le posterieur du pilote et son moteur qui n'aime pas les grandes lignes droites. Je souffre, je souffre, trop envie d'arriver et de jeter cet étron. Quel bonheur de s'arreter enfin et de vérifier le niveau d'huile pour s'apercevoir, justement, que je ne le vois plus. Re-gloup, pas loin d'1/2l de rajouté, ce qui fait 1 litre en 1000 (chaud quand même).
Notre cascadeur du jour s'en sort bien, avec une hanche un peu endolorie et une moto à peine abimée. Je lui propose de lui mettre une béquille pour faire passer la douleur et il me propose de m'assommer en retour donc je laisse tomber alors que j'avais la main sur le coeur.
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Essai MotoBen et 660Pascal
Dernier jour de moto, et pas des moindres puisque Jean nous abandonne, mental fracturé, hanche endolorie pour rentrer à Beaune. Il fera le bon choix car nous enchainerons des routes vraiment défoncées, voire des portions où le bitume est quasi absent.
La SMCR me plait toujours autant, surtout après l'essai de la nouvelle arme de rallye-motoécole de Ben : une MT07 Nicolas Cage ou alors cage tout court et le deuxieme essai de la 660SMC de Pascal. Au niveau du son, c'est quasi équivalent entre les deux versions de SMC : discret à l'arret et fort en roulant. Le bruit de la boite à air sur la 690 au taquet est franchement bandant.
La différence entre 660 et 690 est énhaurme : si je croyais que la 690 vibre, en fait il n'en est rien face à une 660 dont les vibrations donnent presque l'impression qu'elle a des roues carrées. De même le moteur de la 660 m'a paru bien creux face au 690 qui envoie la sauce à 4000 trs (sur la 660, pas de compte tours, pas de compteur, c'est sommaire). En revanche, quel moelleux cette selle, un vrai bonheur, et le moteur tire bien dans les tours sur une plage assez réduite, le train avant m'a paru aussi rassurant que sur la 690. Rustique mais ça me plait presque autant que ma 690. Concernant la cage, je suis un peu circonspect : il y a des choses que j'ai aimé (le moteur, la facilité à la conduire, les suspensions refaites par Ben qui filtrent tout très bien) et d'autres moins (la selle beaucoup trop basse et la sensation du train avant verrouillé mais ça, c'est la comparaison avec le flottement -tout relatif- du train avant de la SMC).
Bien que Ben fasse sa vie loin devant, le passage du col de la bataille dans le bosselése fera tout de même à bon rythme, preuve encore de la facilité des supermotards dans ces environnements changeants; puis rallyeman laissera des traces de gomme dans toutes les épingles du col des Limouches histoire qu'on sache qu'il était là cet après midi.
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Une vraie friteuse autrichienne
A bon port, check de l'huile : quedalle, zéro. Putain mais j'hallucine, y 'a plus d'huile dans le moteur. Ok il n'en a pas beaucoup mais j'avais fait l'appoint ce matin et nous n'avons pas fait plus de 350 kms dans la journée. C'est pas possible cette affaire. Il va falloir tirer ça au clair chez KTM.
Concernant la SMCR, et en dehors de ce problème d'huile qui n'en est peut etre pas un, je suis completement ravi : la moto est super facile à emmener, distille de bonnes sensations et permet de voyager loin en se ménageant (sauf le cul sur les longues lignes droites). Une réussite.
Par rapport à la version d'origine, Ben me dira qu'elle est plus pleine (je ne me souviens pas de la sienne), parait qu'elle est également plus souple (elle reprend en 2 à 2000 trs et en 3 à 2500 trs). Je changerai quand meme le pignon pour un 15 la prochaine fois et j'installerai également une commande à tirage rapide, car 4 jours après la balade, j'ai encore mal aux tendons du bras droit. Pour le reste, elle me convient parfaitement comme ça et la vanity case dont tout le monde se moque est suffisante pour 3 jours. Reste juste à caser un bidon d'huile dans le sac à dos...
Peut etre que j'essaierai d'autres pneus aussi, la monte d'origine me donnant satisfaction sauf en sortie d'épingle où je sens l'arriere se dérober sur le gras du couple.
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