Un peu dégoûté de partir tout seul et aussi tard, je me rattrape en me disant que je roulerai sous ce beau soleil de Mai pour rejoindre les bourrés tous agglutinés à Valence chez Pascal.
Vendredi 29 Avril 18h30 - Top départ - Paris - Valence
La ptite Ducat chargée, le cuir enfilé et le sac sur le dos, me voilà cahin-caha à m’enfiler 600 bornes d’autocroute jusqu’à la sortie Valence Sud. Bien entendu, j’ai pensé à regonfler mes pneus tout neufs histoire de ne pas les flinguer carré. Ca marche plus ou moins. Sur l’autoroute, je m’aperçois de plusieurs choses : le bruit du moteur avec les bouchons d’oreilles est vraiment sympa, un bon ronflement bien voluptueux. Vvvvvlvllloooom….Sympa. Par contre le reste n’est pas terrible, la 6 tire assez long (plutôt un bon point qui me permettra de changer la démul sans avoir peur des longs trajets) et, malgré une conso faible je ne fais guère plus de 205-210 kms avant réserve (pour un peu moins de 12 litres). Second point chiant : les vibrations. Au début c’est marrant, après c’est un peu relou, à la fin on a envie de mettre la moto dans un fossé, j’en avais mal au poignet droit, c’était horrible. Ma fameuse selle confort est en fait dotée d’un confort tout relatif…putain que c’est raide ! Au bout de 600 kms, on a envie de s’asseoir sur la monoplace histoire de se soulager le postérieur, même avec un cuir, c’est dur de chez dur !
Valence sud, pascal m’explique par téléphone comment rejoindre Upie (à une grosse bâtisse tu tournes à gauche etc…waouh, heureusement que c’était simple sinon je n’aurais jamais trouvé ;-) ). Les bourrés m’attendent depuis un bon bout de temps et, après deux bières avalées en vitesse, tout le monde va au lit, bien fatigués. Quand je pense à tout ce pâté qui me faisait envie et qu’on a laissé avec les boutanches de blanc, j’en ai encore les larmes aux yeux. C’est trop triste d’abandonner des petites terrines qui ne demandent qu’à être mangées et le petit Saint Peray à être bu ! Là, il y a faute grave !
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Samedi 30 Avril 9h– A l’attaque des lapins sudistes – Valence - Mougins
Bien chauffé par les local boys « ouahahah ta mémé elle tiendra jamais le coup, tu vas encore plus te traîner avec ton vieux tas de merde…etc… », je m’apprête à dévoiler mon jeu à coups de gros gaz sur les petites routes. Sur les premières routes bosselées vers Bourdeaux (et mon fameux virage), je suis à l’aspi de Superboy et son tapis volant. Bon, ça secoue dans tous les sens mais ça passe ça passe. Ensuite, dans le premier col nous menant à Buis les Baronnies, Pascal me double à l’accel sur sa R1 entre deux lacets. Et pourtant elle s’y sent bien, je peux les enchaîner en seconde, le moteur est suffisamment souple et le couple débarque de suite….BrrrraAAAAAAA Tip top. Le prochain test est sur une route façon circuit, la D40,. Toto semble vouloir prendre la roue d’un des deux sudistes mais se fait rapidement larguer, il bouchonne alors un peu et quand il voit que ça klaxonne rude dans ses rétros nous laisse passer Panya et moi-même. Là, le Pan me fait un festival de déhanchés, moto couchée, et, juste avant qu’il ne laisse passer Mémé, je sens un gros « poc-crraccc »….c’est simplement le collecteur, le repose pied et la pédale de frein qui ont touché terre en même temps…et pourtant je me sentais vraiment à l’aise. Ca s’annonce prometteur pour la suite !
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Arrivés à Sault, à l’aspi derrière Pascal sur la V-streumon, je me fais surprendre à suivre ses trajectoires de goret et élargit pas mal dans un droite. A la sortie du virage je suis bien sur la voie d’en face et la voiture qui arrive dans l’autre sens a du se faire une petite frayeur aussi mais ça passait à l’aise. Dans mon casque, je me dis « ah ah, pourvu que celui derrière n’ai pas suivi lui non plus cette trajo à deux balles ». C’était sans penser que le poursuivant n’était autre que Panya qui m’avouera, sourire aux oreilles, « c’était chaud à gérer avec la voiture » ? ! Une fois dans la ville, ce même Panya nous gratifiera d’une séance de manoucherie pur jus sur sa belle SS. Décidément les pots hauts et les vibes, c’est incompatible. Enfin je me moque mais moi aussi j’ai cassé une patte de fixation de pots.
Entre Sault et Forcalquier, les routes sont sympas mais un peu moins intéressantes, beaucoup plus roulantes. Je suis gentiment superman qui essaye la 1000DS de Xavière, dès que ça va un peu vite, le surplus de puissance du nouveau moteur fait vraiment la différence. «Fouette cocher !» me dit Mémé, pas question de se faire enfumer par une jeunette injectée. Bon. Alors je cravache un petit coup.
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Déjeuner à Forcalquier, pas mal mais serveur pas très rapide. Féfé était particulièrement en forme à cet instant, arf arf arf. Retour sur les meules, il commence à faire chaud sous les cuirs, surtout quand on s’arrête pour faire le plein des 8 motos, ça dure longtemps, on se crève. Jeanjean me passe la Guzz pour aller jusqu’à Moustiers Sainte Marie. J’aime bien voir ma moto rouler mais sous Jeanjean elle me parait encore plus minuscule que d’habitude et surtout…elle fume comme un vieux mazout dès qu’on tombe les rapports. Fais chier ce bordel ! En fait, plus on va doucement, plus elle fume. Allez Jeanjean mets lui sa mère, je ne veux plus la voir comme ça. Pendant ce temps, j’apprécie le confort de la Guzzi, les vibes bien présentes et le son du moteur Blaaaaamm Blaaaammm, c’est vraiment l’éclate cette meule ! Jeanjean va m’accuser par la suite d’avoir flingué son embrayage mais c’est pas de ma faute s’il fait du stunt avec une moto de 300 kilos, eh !
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A la sortie du village de Moustiers, petite surprise car des bleus ont arrêté les deux sudistes qui se tiraient la bourre devant et je repense à l’article de Var-Matin lu au resto « les motards devront rouler droit » (entre nous, dans le Var, si on roule droit on risque de rentrer rapidement dans un mur), annonciateur d’une répression accrue sur ces fous de cyclomotoristes. Ca tombe mal, j’ai laissé mes papiers à Courbevoie à environ 900 kms d’ici. Je prépare donc mon petit argumentaire dans ma tête, puis finalement, reprends ma moto et fait mine de ne pas connaître tous ces gens. Contact, gaz direction le Verdon, j’attendrai les autres un peu plus haut et les flics ne me disent rien. En fait il ne s’agissait que d’un contrôle de routine prévenant également que nous trouverions la maréchaussée à pied d’œuvre dans les gorges. Pas grave, on va enrouler peinard jusqu’à Castellane, la route est belle, le paysage aussi, on croise deux ducatistes en 999 et 749 avec les combines qui vont bien (Testastretta rouge pour l’un et jaune pour l’autre). La fin des gorges est particulièrement rafraîchissante avec ses roches qui vous surplombent et l’humidité qui en ressort. Un vrai petit bonheur en quelques sortes ! A Castellane je suis inquiet car ma monoplace est recouverte d’une légère couche d’huile ainsi que la roue arrière. Ce sont les retours de la fumée au retrogradage. Je n’aime pas ça mais le niveau d’huile est toujours nickel.
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C’est pas le tout des choux mais si on veut être à Mougins avant minuit il va falloir mettre du gros gaz. L’enchaînement qui suit en direction de Grasse sur la route Napoléon est tout simplement superbe mais le meilleur reste à venir car on va se faire la fameuse portion « Comps-Draguignan ». A l’aspi du Féfé sur sa Dayto la bourre est excellente bien qu’on soit en descente. Sur la fin la route est si étroite qu’on a du mal à doubler une bagnole. Le conducteur mettait gros gaz dans sa Laguna, les pneus en crissaient de trouille à chaque virage…mais bon, ça n’a pas suffit !
Les routes à venir sont toujours aussi belles, les couleurs du ciel annoncent la fin de journée et les bourrés commencent à fatiguer. Dans une belle montée, je vois une ombre se profiler rapidement derrière moi et me dis « ptain, Jeanjean il a mis du gros gaz pour remonter aussi vite » alors je laisse passer et voit là un taré en 600DR monté en supermot’. Attention, la coursette est relancée, il revient fort sur superman qui croit l’avoir largué alors qu’il se faisait doubler, puis sur Pascal devant avec sa R1. Le gars en DR, en survêtement troué, godasses pouraves, se met à l’équerre au freinage pour attaquer le lapin toulousain. Dur dur pour les chasseurs d’être croqués de cette façon mais là ça devenait limite dangereux tellement sa moto bougeait et la marge de sécurité s’amoindrissait à chaque fois qu’il tentait un exter à l’arrache. Bref, Pascal le laisse passer et le mec continue à gaze comme un calu. A sa place, j’aurais néanmoins attendu le bout de ligne droite suivant pour l’atomiser avec 100 kmh de différence. Petit joueur Pascalou !
Dodo à Mougins dans la maison de pauvres, en gros la niche du chien du propriétaire qui se fait construire une villa de fou sur un terrain de malade de 5ha avec vue sur la mer et 50 oliviers centenaires….gloups…on ne vit pas dans le même monde là !
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Dimanche 1 Mai – Trop dur la moto ! Mougins – Mercantour – Digne les Bains
C’est bien ronchon et tout courbaturé que je me réveille après une courte nuit difficile d’au moins 4h de sommeil. Là, ça ne le fait vraiment pas pour la suite, je suis trop niqué de partout et j’aurais bien aimé me reposer un peu. On va quand même dans le Mercantour et ses « 5000 virages » comme dirait Ben où je m’attends à de belles routes….pfffff, non seulement la route est très viroleuse (quasi que des lacets) mais en plus elle complètement foncedée et je m’emmerde sec en plus de me faire peur (tout droits, voitures qui coupent les virages) et de me crever jusqu’au bout. J’y remettrai jamais les pieds dans ce foutu endroit, sauf peut être en BMW. Au pied du col de Turini, je pose la question « elle est comment la route après » réponse « bah c’est le col de Turini, donc belle route mais ça doit tourner sec quand même »….effectivement. La face sud est vraiment naze pour les sportives. Oublions. La suite étant « vachement mortelle ». J’avoue que la descente est recouverte d’un bitume particulièrement lisse et les virages sont moins pénibles à avaler. C’est assez marrant de voir ses potes à 2 kms devant et 500m en dessous 4 lacets plus bas !
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Vu que Toto envoie sévèrement le pâté pour suivre les deux zouaves du sud, il se retrouve en réserve tous les 160 kms et là la galère commence. Alors la région d’Isola 2000 c’est bien joli mais pour trouver une pompe un 1 Mai quand on est quasi en rade c’est vraiment lourdingue. Résultat, on est obligé de retourner presque jusqu’à Nice, la route est absolument divine, elle me fait penser à Serre-Nyons avec le cours d’eau en contrebas (qui a l’air bien fraîche d’ailleurs….). C’est à ce moment que 3 bourrés nous quittent pour rentrer se coucher à Beaune et nous nous retrouvons 5 à nous tirer la bourre dans le Col de Vence. J’en profite pour essayer la V-Streumon. Une fois enfourché les yeux fermés (quelle horreur) on découvre avec bonheur une selle large, souple et bien formée, un moteur très rond avec beaucoup d’allonge qui me permet d’enchaîner les virages tranquilou sans me poser trop de questions. Juste que je ne suis pas à l’aise avec cette position aussi droite mais, deux bières plus tard, sur la route napoléon en direction de Castellane, je gaze bien et rattrape même l’ami Panya qui se débat sur Mémé. Là, je pique la 900 injectée à Superboy et me fait grand plaisir sur ces beaux virages en montée. Gaz gaz gaz, l’injection est vraiment très différente, plus nerveuse, plus vive à prendre ses tours et plus facile à emmener. La position est également beaucoup plus sportive mais pas moins confortable. Décidément une super moto cette super sport !
Avant d’arriver à Digne les Bains, je profite d’une seconde d’inattention pour gratifier Superboy d’un exter magistral. J’ai bien mérité les oreilles du « lapin du jour ». Enfin une vraie nuit dans un dortoir plutôt rigolo qui sentira fort le pet au petit matin.
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Lundi 2 Mai – retour sur Upie – Digne les Bains - Upie
Après avoir quitté les deux traine-teubs qui remontaient sur Paris, nous voilà désormais trois pour une arsouille jusqu’à Sault. Pendant que Pascal et moi-même testons de nouvelles routes, Ben va se faire un col dont il a le secret, à savoir une route pourave qui nous aurait bien saoulé. Pascal profite que j’ai le dos tourné (je pissais) pour sauter sur Mémé (là aussi elle me parait bien petite) du coup j’enfourche la bête ! Que c’est souple et que les commandes sont douces sur une sportive japonaise !!! Bzzzzzz ça démarre tout en douceur mais je suis bien prévenu « prends les freins très tôt avant le virage !! » ok…le ton est donné. Globalement ça me rappelle la mienne (mon ancienne R1), mais encore plus creuse en dessous de 4000, puis un premier pallier entre 5 et 7-8000 tours (des mi-régimes vigoureux) et enfin…l’hyperespace dans les tours. Un truc de fou qui te colle les yeux au fond du casque et te satellise à des vitesses largement prohibées même sur autoroute...Bon, c’est sympa mais je conduis de façon hachée, un peu comme une daube : j’accélère et hop je saute sur les freins, j’attends que la moto soit droite, gaz…re-frein…en fait ça ne me plait pas du tout comme comportement, trop de puissance, pas assez de sensations aux mi-régimes. Nan, j’aime pas sur ce genre de routes. Par contre sur une piste très roulante ça doit être du bonheur d’avoir autant de puissance. Pascal, visiblement s’éclate bien sur ma meule qui fume toujours autant.
Arrivés à Sault, nous avons la surprise d’un petit coup de fil de Superman qui sera en retard (décidément, qu’est ce qu’il se traîne !). Avec son goût pour les routes pourries, il a fini par crever son pneu arrière tout neuf (enfin presque ? ). Résultat des courses, on se tape 40 bornes dans l’autre sens pour lui porter secours. Après la petite bouffe qui va bien, Ben regonfle encore un peu son pneu arrière réparé mais ça devait être un peu trop car à peine 5 kms plus loin…PLOP…la mèche saute comme un bouchon de champagne. Désolé bonhomme, va falloir renouveler l’opération. Au final, il se traînera lamentablement par la nationale jusqu’à Valence. Mais pour nous les vrais, les durs, les purs, c’est pas fini : Sault – Buis les Baronnies par une autre route qu’à l’aller : c'est-à-dire par le mont Ventoux. Bien entendu celui-ci était fermé et c’est par une caillante de tous les diables (vent, neige sur le coté….brrrrrr) que nous redescendons via la petite route du versant sud qui va bien. Du bonheur à l’état pur. Un revêtement idéal, une route étroite entre les arbres et aucun virage piégeur.
A Buis les Baronnies, on décide de passer par le « col de Soubeyran » histoire de se taper un chti coup de Serre-Nyons derrière….c’était joli mais pas forcement une top idée, le bitume étant bien bosselé et les virages très serrés. Enfin, si vous voulez voir le « pays des abricots », bah c’est là-bas que ça se passe. Avant les gorges de trente pas, Pascal s’arrête sur le coté, visiblement fatigué et me sort « bon, ça te dit qu’on fasse plutôt une route bien roulante pour rentrer parce que je suis naze ». Pas de problème mais des roulantes comme ça j’en veux bien tous les matins. Nyons-Bourdeaux-Crest-Upie…OUuuuaaafffff ! Fini la balade. Enfin…presque
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Mardi 3 Mai – Nettoyage intégral- Upie – Mouthiers en Bresse
Départ de Valence et adiou au Toulousaingue pour…tracer vers le sud alors que mon point de chute est à plus de 200 kms au nord !!! C’est pour la bonne cause car une petite merveille de route m’attend : La Voulte sur Rhône – Les Ollieres sur Eyrieux – Le Cheylard – Saint Agreve. Sur cette portion j’ai vraiment apprécié le comportement coupleux et tout en rondeur de la Superlight. Calé en trois (parfois en 2) je gazais de virage en virage sans utiliser les freins. Un régal ! A Saint Agreve, j’enchaîne les petites routes par Tence, Monfaucon puis Saint Etienne. Globalement sympathiques mais pas au niveau du circuit matinal. A St Etienne, le temps se couvre un peu alors je mets gros gaz sur l’autocroute jusqu’à Feurs (marrant de payer 80 centimes d’euros…quelle bande de gagne-petits alors !). Puis la nationale sympa qui remonte jusque Villefranche sur Saône entre les monts du lyonnais. Gros coup de gaz en direction des Echarmeaux, sur un bitume nickel et très accrocheur et début de la route des vins en passant par Cluny et Buxy. Plop plop plop, quelques gouttes arrosent ma visière puis des centaines de seaux d’eau me tomberont sur la tronche avant que je ne rejoigne la maison de mes grands parents à la limite du Jura. Pfffiiouuuu, après 4 gaufres préparées par ma mamie, je m’écroule sur mon lit pour 14h de sommeil bien méritées….
Superlight = Supermémé
C’est cool la moto mais dormir ça fait du bien aussi. Au total, la Superlight marche vraiment bien, est très agréable à conduire sur petites routes mais manque un peu de puissance et d’allonge quand les virages s’agrandissent trop. La position n’est pas extrême mais la fermeté de l’ensemble fatigue pas mal le pilote. Je me suis vraiment bien marré avec cette petite moto de 13 ans d’âge, ne l’oublions pas, et pour rien au monde je n’ai envie de changer, mes envies de ZX10R étant atténuées après l’essai de la R1. Reste à résoudre le problème de la fumette (a priori un joint de queue de soupape qui a séché), améliorer l’embrayage et pourquoi pas faire une légère prépa moteur pour gagner en watts et en consommation (Keihin). En la nettoyant, j’ai quand même trouvé moyen de la foutre par terre. Foutue béquille italienne ;-) !
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