- Bernard on va rouler?
- Ouais j'ai rendez vous pour essayer la Nuda tu viens avec moi?
- OK dis leur qu'on vient à deux alors

c'est comme ça que le coach et moi on s'est retrouvés dans la concession BMW par un bel après midi de Janvier, chauds comme des baraques a frites pour essayer la 900 Nuda !

Petite présentation pour ceux qui ne suivent pas : la Husqvarna 900 Nuda c'est la première moto (moderne) de route du constructeur, un drôle de mélange de supermotard et de roadster sur base BMW, pour résumer c'est un peu le fruit d'un "threesome" (attention terme technique) entre une 510 SMR, une F800R et une F800GS.

Et de cette union hasardeuse est née un jouet au design bizarre disposant de 105cv, soit 18 de plus que le 800 twin dont il est issu, et 175kgs à sec ce qui en fait une moto relativement légère meme si sur le papier on aurait pu en attendre encore mieux étant donné le coté épuré de l'engin.

Bref, rien de fou, mais un concept intéressant qui fait saliver et un look intrigant.En ce qui concerne l’esthétique justement, j'ai été plutôt agréablement surpris, elle est clairement moins moche en vrai qu'en photo, sa selle est issue du modèle R, affinée et blanche sur la partie arrière ce qui lui donne un aspect élancé qui contraste avec son gros pneu arrière en 180. La pelle a tarte qui lui sert de plaque phare a beau être en carbone, elle reste massive et peu élégante à mon gout, sans ça c'est une moto agréable à l’œil et homogène.

Bernard débute l'essai, ça me permettra de l'observer tranquillement pendant qu'il rode les pneus quasi neufs, la moto n'affichant que 80 petits kilomètres au compteur.
Au démarrage le niveau du son surprend, à la manière des Aprilias V4, j'ai même jeté un œil au pot pour voir s'il était d'origine, pas bruyant mais juste ce qu'il faut pour oublier qu'on est sur une béheme.

Les 42kms qui nous séparent de Lamastre, la capitale de la chemise à carreaux, me permettent de constater que la "petite" 900 respire bien en comparaison de ma zx10r en 100cv car si la kawa repart plus fort a bas régime elles font quasiment jeu égal dans les tours.

Allez, c'est à moi de faire un tour de manège après la petite séance shooting (Bernard enlève ton doigt de l'objectif avant de prendre la photo), j'enfourche la fluette Husky.

La selle est à hauteur raisonnable, grosso modo comme une 690SM, la position est relax voire un peu trop, les repose pieds sont étonnamment bas et n'augurent pas d'une garde au sol exceptionnelle. Le guidon lui n'est pas vraiment typé supermot, le cintre est plat et les mains sont très écartées. A part ces détails la prise en mains est agréable et le réservoir fin permet une bonne prise en jambes comme j'aime.

Démarreur, broap, les commandes sont ultra douces, les suspensions aussi, on sort de Lamastre.
Dans les premières petites lignes droites, je jauge un peu le moulin, ça semble un peu timide en bas mais avec une bonne allonge en haut, je fais mes petits tests de reprises, de souplesse et de wheelings rapidos pour constater que :

- C'est souple jusqu'à 2000 trs, ensuite c'est plutôt linéaire mais plein avant de se transformer en méchante petite fille à 6000 trs ou la post-combustion entre en action.
- C'est relativement similaire au caractère du 800 en ligne de chez béhème mais en plus costaud, d'autant que la sonorité bien plus présente joue son rôle dans le gain de sensations perçues.

Niveau wheelings (oh eh ça va elle était chaude!), j'ai été un peu déçu au départ, en n'arrivant à la lever qu'en première...bon d'accord elle est encore un peu jeune, mais bon quand on est habitué à une Husaberg qui lève en cinquième ça fait pas sérieux.

Ah, Bernard s’énerve derrière, désolé coach, on passe en mode sport.
A l'attaque donc, la position est un peu déroutante, on ne sait pas s'il faut déhancher ou sortir la patte, à la manière d'une Duke R.

Au final je préfère la conduire comme un roadster, en sortant le buste et un peu le genou, et ça le fait plutôt bien, le train avant renvoie peu d'info mais inspire confiance, tant mieux car j'avais un peu d'appréhension en sachant que la fourche n’était pas réglable (cela dit vu mes compétences en matière de réglages c'est peut être pas plus mal ^^).

Très facile à conduire, le rythme augmente naturellement et le plaisir avec, d'autant que ce moteur livre au final de petites sensations subtiles, et au risque d'en faire bondir certains je lui ai trouvé des similitudes avec une Buell XB9 à bas régime, genre en ouvrant en grand à 4000 trs ça fait un joli plap plap plap surement amplifié par les bruits d'admission d'air.

Mais à 6000 on oublie complètement la Buell car le twin en ligne se met à hurler comme mon gosse quand son bib' est en retard de 5 minutes !

Je récapitule : souple, sympa en bas et efficace en haut, pour moi c'est une réussite en terme d'agrément.

La partie cycle se laisse emmener au bon vouloir de celui qui la conduit, relativement confortable grâce à ses suspattes qui absorbent bien les bosses et saine en attaquant raisonnablement, seules les bottes qui frottent perturbent la conduite, pourtant je garde un poil de marge du fait de la température extérieure plutôt fraiche.

Une petite glisse de l'arrière en sortie de virage servira d'ailleurs d'avertissement... un avertissement vite oublié en arrivant dans la cote du pin d'ailleurs hu hu hu. Dans cet enchainement de virages moyennement serrés, la maniabilité est bluffante malgré le poids assez éloigné d'un vrai supermot' et on roule vite sans forcer, sans se fatiguer. Même les ouèles commencent à rentrer en seconde en tirant un poil sur le guidon et l'allonge permet de les gérer assez longtemps, cool!

Et au fait on n'a pas parlé des freins, faut dire que même si je monte la version standard donc non-équipée des étriers monoblocs comme la version R, le feeling et la puissance sont top, du coup en arrivant en bas je me tente un petit stoppie...oups mauvaise idée la roue avant se met à glisser et le guidon fait un petit droite/gauche pas super rassurant ! Ma franchise de 1862€ n'est pas passée loin.

Pour résumer, je trouve que cette Husqvarna est une vraie bonne idée, je la classe au rayon des motos de routes idéales juste à coté de la 990 SMR, j'entends par là que c'est le genre de moto que je choisirai pour traverser la France en long en large et en travers (surtout en travers d'ailleurs).
Par contre même si elle penche un peu vers le genre roadster ce n'est pas ce que je choisirai pour le chrono pur, le train avant ne renvoie pas assez d'informations pour pouvoir la jeter en confiance sur l'angle à Mach2 (ou Mach 0.02 suivant le mental).

Pas de doute, à 9000€ le bout on en a pour son pognon, et pour les gourmands la version R avec les suspattes et les freins de paylote et les bouts de carbones à droite à gauche devraient faire l'affaire.

Allez Bernard tu la prends la R que je voie la différence?