Mon rallye de « local de l’étape »
Situé à 130km de chez moi, on peut dire que je suis presque local de l’étape, bien que je n’ai jamais posé mes roues sur les routes du Beaujolais.
Pour sur on peut trouver plus local que moi, par exemple Olivier Aubonnet qui habite quasiment à la sortie d’une des 2 spéciales ou Julien Toniutti, motivé comme jamais dont ça sera le seul rallye « sérieux » de l’année.
Nous débarquons aux alentours de midi le jeudi dans le charmant petit village de Blacé ou Max nous attend seul tel le cow boy solitaire venu chasser du chrono sauvage.
Son jumeau Florian l’ayant abandonné sous prétexte de s’être coupé un bout de doigt au boulot.
Chaud comme une baraque à frites, celui-ci décide de partir sans nous attendre en reco sur la spéciale de « Le Gay », pendant que nous installons tant bien que mal le campement.
|
Il faut dire que la place allouée au paddock pilote est plutôt comique, un mini parking de 200m2 au pied de l’église, déjà à moitié occupé par le seul camion du 2RTeam.
La nature généreuse nous cédera quelques mètres carrés d’herbe pour planter les tentes, mais il faut faire vite car il n’y en aura pas pour tout le monde !
Pas de sanitaires, il faudra se contenter de toilettes municipales situées à 100m en contrebas, dépourvues de douches mais néanmoins très propres…très amusant le matin de traverser le village avec la tête dans le cul et la serviette autour du cou !
|
A peine ai-je le temps de planter 3 sardines que voila Maxime revenir en passager de Thomas, notre ami corse champion de France des atterrissages sur le cul.
Maxime me fait un signe de la main, le point vers le bas tel César ordonnant à son gladiateur d’achever son adversaire, et en ouvrant les portes de la camionnette je m’aperçois à quel point notre gladiateur d’Orléans a bien achevé sa katoche ! Une vraie compression…de César (encore lui)
La pauvre meule a le phare arraché, un des pots à moitié démantibulé, les jantes voilées, la boucle arrière en vrac, de l’herbe qui sort du pneu !
L’artiste voltigeur n’y est pas allé de main morte en perdant l’avant dans un droite rapide suivi d’un triple axel dans le fossé, je crois qu’a partir de maintenant on va pouvoir déconseiller les pneus d’occase vieux de 3 ans comme ceux que Max venait de monter !
Plus de peur que de mal pour Max (quoique je sais pas si ça lui arrive d’avoir peur à ce jeune inconscient), une petite douleur au poignet mais qui disparaitra le lendemain.
|
Bon ! sur cette note d’optimisme, nous filons à notre tour en reco sur l’autre spéciale, celle de « La Saule d’Oingt » - encore un nom digne du Groland – une pure spéciale à sportive, avec une route hyper large et abrasive à souhait et de belles relances, inutile de dire que les monos ne vont pas être à la fête.
Et effectivement je suis à la ramasse dans les sorties de virages et pas la peine de compter sur les 65 poneys de ma monture pour rattraper mes trajectoires aléatoires.
Car il faut bien le dire, conduire un supermotard comme une sportive n’est pas à la portée de tout le monde, en tout cas pas à la mienne et je n’arrive vraiment pas à me lâcher sur la prise d’angle, d’autant que les freinages agressifs me foutent un peu la trouille depuis mes multiples tout droits au freinage roue arrière bloquée.
Pour résumer : je freine trop tôt, je ne prends pas d’angle et j’ai pas de watts en sortie de virage, ça s’annonce super bien !
Au bout de 4 à 5 montées quelques officiels débarquent sur la spéciale
« ah on entend bien quand ça tourne sur la spéciale hein…ça résonne »
…bon ça va j’ai compris le message subliminal, les montées sont limitées à 3 passages, il est temps de déguerpir.
|
Et c’est plutôt une bonne idée étant donné qu’une radée va s’abattre sur nous, on détale vite fait direction le camp et fin de la journée de roulage, nous finirons la journée par un bon repas gastronomique en compagnie des potes Romano, Alain, Max et d’autres.
Lendemain matin, il pleut.
Plutôt que de s’ennuyer sous la bâche, nous décidons de faire le routier en camionnette, ce qui se révélera une super idée puisqu’en plus de rester au sec on peut se reposer bien à l’aise et prendre plein de photos du paysage qui est absolument magnifique avec ses collines de sapins et de genêts, des petites routes forestières bourrées de virages, en bref un vrai routier comme je les aime, et d’autant plus en supermotard.
|
De retour au camp nous retrouvons Jacques sur sa 675 et son assistant Etienne, et après avoir dégusté le fort odorant fromage de Maxence, c’est l’heure des contrôles administratifs et techniques.
Détail marrant, personne ne roulera en plaques jaunes, ça n’existe pas au Beaujolais, à croire que c’est pas mesure de solidarité avec moi du fait de ma chute au classement et ma sortie du classement « élite » depuis la corse.
La pluie a cessé et je fonce reconnaitre la spéciale du Gay (contrairement aux apparences c’est loin d’être une spéciale de tapette par contre)
La première partie est piégeuse (hein Max) avec une route étroite à flanc de colline, lente au départ et rapide sur la fin, s’achevant par une belle épingle marquant le début de la 2° partie, cette fois ultra rapide avec quelques virages serrés sur la fin et de belles plaques de ressuage noires brillantes.
Sympa mais je suis toujours à l’arrêt dans les relances.
|
A l’issue de ces quelques montées, je file faire le contrôle technique de la moto, cette fois ça sera un peu n’importe quoi avec un CT sans parc fermé et un départ de Villefranche le lendemain pour ensuite s’envoyer les boucles autour de Blacé.
Du coup nous avons les motos le vendredi soir et décidons de partir faire quelques montées de nuit, je suis impatient de tester le xénon additionnel que j’ai ajouté à mes deux oreilles de Mickey existantes.
Malheureusement pas de miracle, je me sens pas tellement plus à l’aise qu’avant et l’effet cheval à bascule de la moto rend le réglage des phares délicat.
Les recos seront de courte durée, ni le temps ni l’envie n’y est.
Maxime, après avoir fait des pieds et des mains pour tenter une réparation express se rend à l’évidence, c’est mort pour ce rallye, il y assistera en spectateur.
Flo en a profité pour nous rejoindre et venir grossir les rangs du fan club.
|
La course, la vraie !
Le rendez vous au départ de la course est fixé à 7h pour les premiers, avec un départ à 9h30.
Résultat tout le monde se retrouve sur la place du village à somnoler sur les bancs sous les platanes en essayant de récupérer les heures de sommeil volées inutilement.
Le soleil est de la partie, je m’élance pour la première portion de routier jusqu’à la spéciale « Le Gay ».
Je fais ma montée un peu sur des œufs malgré la douceur du climat et mes supporters chauds bouillants dont les rangs se sont considérablement grossis avec l’arrivée de Jéjé, Mélina, William, Xa, Sophie, Philippe et Nicolas qui agitent frénétiquement des grosses saucisses oranges KTM sur notre passage ! on pouvait pas les louper !
Bref, je réalise une « brillante » 43° place à 21s du scratch, et Thomas assure son rang à la 4° place à un cheveu de son rival du jour Ol’.
Jacques finit 76, un peu perturbé par ses récents problèmes mécaniques.
Comme prévu le routier est une pure merveille et compensera les sensations que je n’aurai pas dans la spéciale à sportives de la Saule.
Je termine lamentablement à la 36° place, à 6’ de Thomas qui manque le scratch d’un centième de seconde sur Ol’, encore lui !
Maxime « Maximus » Olivieri nous fait halluciner en plaçant son mono au milieu de la horde de top-sports, preuve qu’il y avait moyen de faire quelque chose avec un peu plus de talent et de conviction sur la SM.
|
ES3, retour à « Le Gay », Thomas loupe encore le scratch au profit de Mano et quant à moi-même si je réussis à améliorer significativement mon temps de 5s je reste loin de mes adversaires habituels.
ES4 again, je ferai mon meilleur résultat en pointant à la 33° place et en améliorant mon temps de 3s, pendant que Julien Toniutti s’offre le scratch avec un temps canon de 56’, pas mal pour un pigiste du rallye qui roule sur la moto d’un pote !
Thomas finit 4, toujours à renifler le derrière de Ol’, la bataille s’annonce rude !
3° passage à la spéciale des homos (si c’est marrant comme blague), je me loupe dans l’épingle, je glisse dans un virage en sous bois, j’ai un faux point mort sur l’angle, je me plante dans une sortie de virage que je croyais lente et qui est en fait rapide…bref je ralentis de 3’ par rapport à mon temps précédent (si c’est possible !)
Pendant ce temps ça s’amuse bien en tête avec un joli scratcth de Mano qui rentre dans la même seconde que Sergeï l’an dernier et Maximus qui envoie du lourd sur son mono en prenant la 2° place pendant que Thomas continue sa petite arsouille avec Ol.
Jacques continue son apprentissage du CFRR avec une 56° place.
|
Voila, l’étape de jour est finie, Mano mène devant Maximus et Thomas, suivi de très près par Ol et une pointure locale en dayto Pascal Léger.
Julien quant à lui s’obstine à passer les CP dans le mauvais sens et écope de 240s de pénalité, faudra penser à rebrancher le cerveau en sortant des spéciales Mr T. !
Après la pause syndicale, nous voila en piste pour l’étape de nuit composée d’à peine 2 spéciales et une petite boucle pas trop longue, l’idéal pour moi vu que je n’ai toujours pas reçu mon chien d’aveugle et ma canne blanche pour rouler de nuit dans de bonnes conditions.
Nous attaquons la première spéciale du Saule, et en arrivant au CH je patiente sagement mon heure de départ en compagnie de POM.
Les vrais pilotes étant déjà passés, les spectateurs commencent à redescendre de la spéciale et je serai témoin d’une scène absolument insoutenable de violence et de cruauté !
En effet, un couple accompagné de leur petite fille passe à proximité de nos motos et s’exclame en tendant l’index pointé sur la moto de POM
« ouahhhhh maman, t’as vu comme elle est MOOOOCHE cette moto !!! »
Le temps que la phrase monte à mon cerveau je jette un œil à mon pauvre voisin qui s’écroule de rire dans son casque, terrassé par la franchise de la fillette !
Ah la la, je crois que j’ai jamais autant ri sous mon casque !! c’était tout simplement énorme et POM ne s’en est jamais vraiment remis depuis, il a même essayé d’abandonner sa moto au bord de la route depuis d’après certaines rumeurs.
|
Bon, revenons à nos brebis (galeuses ?), on a une pendule à faire péter !
Pas de risque pour la pendule, avec POM on se bat à coup de millième de secondes mais avec des chronos dignes d’une épreuve rapide du permis de conduire.
49 pour moi, 50 pour lui, je crois qu’il va falloir investir dans un chenil de labradors finalement ça risque d’etre utile.
Et puis tiens on en donnera un aussi à Jacques qui finit 78°.
Routier sympa même de nuit et en selle pour la spéciale de la « pédale », l’occasion pour Mano de nous prouver à quel point il n’a pas de cerveau la nuit en roulant plus vite que le scratch du premier passage de jour !
Thomas finit 3 et prend de l’avance sur Ol’, et le pauvre Jacques équipé full halogène d’origine ne pourra faire mieux que la 87° place.
A l’arrivée, nous remettons sagement les motos au parc fermé et rendons nos cartons de pointage et carnets d’infraction…tous sauf Thomas, qui oublie de rendre son carnet d’infraction et prend 5 secondes de pénalité dans l’affaire, juste de quoi le faire descendre du podium…pas très sport surtout que normalement les commissaires le demandent au lieu d’attendre qu’ils soient spontanément remis.
Bref, dura lex sed lex mais à condition qu’elle soit la meme pour tout le monde et sur le coup c’était pas vraiment réglo.
|
Au final Mano emporte le rallye suivi de Maxime Olivieri et Olivier Aubonnet, Thomas rétrograde à la 5° place.
histoire de m’enfoncer encore plus je prends 15’ de pénalité pour pointage anticipé, pour terminer à la 46° place, 2 places derrière la moto MOOOOCHE (^^).
Jacques finit 85°, avec une grosse marge de progression pour son prochain rallye !
En Espoir je garde ma 2° place mais chou blanc en élite, les plaques jaunes s’éloignant de plus en plus !
Pour conclure, je dirais que c’est pas si facile de rouler fort en supermot, malgré l’apparente facilité de conduite il faut une bonne dose de confiance et d’expérience pour jeter la moto sur l’angle avec le peu de feeling renvoyé par les suspensions de sauterelles.
Et pour compenser le manque de puissance comparé aux top sports, il faut rentrer plus fort sur les freins et avoir plus de vitesse de passage en courbe.
Et la j’ai tout faux en ne maitrisant ni le freinage tardif, ni la prise d’angle et la vitesse de passage !
Ma décision est prise, je repars sur la kawa au prochain rallye, je suis pas encore mûr pour rouler en supermot’
|