« Viens à la fin de la semaine prochaine, la Ulysses sera rodée si tu veux l’essayer »
- OK !
- T’as déjà essayé une Buell ?
- Non
- Ben faudrait essayer toute la gamme alors !
- Si t’insistes !
Et me voilou en ce bel après-midi prêt à en découdre avec 3 drôles de bestioles, les XB9SX, XB12SS et XB12X.
XB9SX : Presque une 1000 de 83cv pour 177kgs à sec.
Whaouuu ! Impressionnant ! On voit même pas la roue derrière le compteur, ça c’est de l’angle de chasse fermé ! Le plastique bleu translucide du réservoir et de la bulle sont mortels, j’adore mais ça doit pas vieillir super bien… Les protèges mains et la grille de phare c’est bien staïle et je dois bien admettre que ce pitbull aux antipodes de ma Vstrom est bien ma préférée esthétiquement.
Tiens, la selle est épaisse et moelleuse, surprise ! La position est sur l’avant mais pas autant qu’une 916 S4, on est bien, c’est parti ! Le bruit est discret mais sympa, je décolle sur un filet de gaz…oulaaaa 2000trs, ça ronronne, pas un cognement, une souplesse associée à la douceur de fonctionnement de la courroie (génial), je fais chauffer la machine en toute quiétude, décontracté du gland, ça commence bien.
Petit test moteur. Avant de partir, la vendeuse m’avait prévenu : « fais gaffe, l’empattement est tellement court que ça lève tout seul » hé ! hé ! hé ! Sans blague ? M’en vais vérifier tout ça moi ! Allez on part en 1, gaz en grand…rien, pas un soubresaut. Je teste la 2, calé à 3000trs, gaz…rien non plus.
Bon ok, tu me cherches, tu vas te le prendre ton coup d’embrayage dans la couenne BROAAAAAAP ah quand même ! Ça lève mais c’est pas non plus une machine à wheelings. Petit bout de double voie, j’accroche 140 avec la nuque arrachée – pas fait pour revenir de Barcelone par l’autopista ce truc- et me voila arrivé dans la virole miam !
Le moulin est vraiment sympa, doux et souple des 2000trs avec un coup de pied au cul vers 4500trs. Le frein avant est bon mais possède moins de mordant qu’une Tuono, et il relève la moto lors d’un freinage sur l’angle. L’arrière, je ne l’ai pas trouvé, il y avait bien une pédale mais qui ne servait visiblement pas à grand-chose…
La boite m’a fait plein de points morts et des fois certains rapports ne voulaient pas passer.
Niveau tenue de cap, c’est bien mais je ne l’ai pas trouvé aussi maniable que je l’espérais et le train avant ne m’inspirait pas confiance, il y avait toujours de petits mouvements parasites qui m’empêchait de balancer la brêle sur l’angle rapidement et une fois sur l’angle, le feeling était moyen (réglage moyen ?).
Bref, ce n’est pas que je n’ai pas aimé, mais la recette du plaisir avec cette brêle, c’est :
Virolos serrés mais pas trop + conduite enroulée + de la vitesse en entrée de virage + route bien revêtue.
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XB12SS : Châssis rallongé par rapport à la 9, 100cv pour 179kgs.
Et c’est reparti ! Voyons ce que ça donne avec ce châssis rallongé et de la patate en plus. On perd pas les bonnes habitudes, est ce que ça lève cette trapanelle ? Ben même à l’embrayage j’ai pas réussi ! Je n’ai pas insisté non plus.
Ohhh ! Que vois-je ? Un lapin en B12 ! Il est à moi ! Je le chope à l’entrée de la double voie, le rascal à le sang chaud on va rigoler. Un camion nous bouche la voie de gauche et des qu’il libère le passage, c’est parti !gaz en grand à 90, le fourbe me largue et j’en rupte de rage à 190, saloperie de japonaise ! M’en fous je lui fais l’inter au rond point suivant, na !
Alors, ça donne quoi dans la virole ? J’ai senti moins de nervosité dans le train avant, mais ce qui m’a gêné cette fois était la résistance à la mise sur l’angle induite par le frein moteur, concrètement il fallait garder un filet de gaz pour coucher la moto facilement sinon cette garce résistait.
Le moteur quant à lui possède la même souplesse que la petite sœur mais en bien plus rempli aux mi-régimes, je n’ai pas retrouvé le coup de pied au cul de la 9. Encore un moteur 100% pur plaisir. La selle est au moins aussi confortable voir plus, par contre le guidon est plus étroit ce qui à mon avis lui fait perdre en maniabilité.
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XB12X : la sauterelle de 100cv pour 193kgs.
Il parait que la clientèle visée c’est gros trailistes et multistradistes mmmm… un gros bicylindre souple et coupleux avec des suspensions à grand débattement, ça peut le faire.
Problème n°1 : elle a une sale gueule, c’est subjectif mais j’ai bien du mal à lui trouver du charme, notamment la partie avant avec un garde boue à chier et une bulle subtilisée à la vieille R1150GS.
L’arrière est trapu mais la selle passager est elle aussi bien laide. Allez passons l’esthétique, j’enfourche le monstre. Première constatation, les nains de -1m75 voudront bien passer leur chemin car je touche à peine la pointe des pieds par terre avec mon mètre78. Allez gaz, la tête dans les nuages, la position est parfaite avec un guidon plus large et plus haut que la 12SS.
Soyons professionnels, on commence par un petit test de wheel’. A l’accélération sur les 2 premiers rapports, toujours rien…un ptit coup d’embrayage hop ça y est ! Oulaaaa on se calme ! des que la moto se dresse, on sent comme un point de bascule qui voudrait nous faire retourner comme une crêpe à la chandeleur, j’insiste pas.
J’attaque la double voie, 160, ah, c’est sensé protéger cette affreuse bulle ? Raté c’est à peine mieux que les roadsters. Virolos en approche, j’arme le fusil, ahhh enfin un train avant qui inspire confiance, pas de mouvement parasites sur l’angle, c’est beaucoup mieux, seul le feeling des pneus mixtes était moyen.
Autre reproche : à cause du disque périmétrique j’ai failli faire un tout droit dans un droite serré abordé sur les freins, c’est clair, freiner sur l’angle redresse exagérément la machine. Quant au moteur c’est kif-kif la 12SS, souple des 2000 et sans creux jusqu'à la zone rouge.
En bref, je suis un peu décontenancé, je pensais les S inconfortables et faites pour l’arsouille, en fait c’est la X qui l’est avec ses grandes suspattes raides comme la justice mais efficaces à l’attaque. A contrario, les S m’ont semblées confortables mais sans grosse confiance dans le train avant.
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Retour à la concession
Je donne mes impressions à la gentille vendeuse (qui roule en ER5) qui trouve que je me pose beaucoup trop de questions et qui se fout de ma gueule –l’insolente- quand je sors mon carnet pour noter mes impressions à chaud. Ben quoi essayer 3 brêles d’affilée ça demande un peu de mémoire quand même !
Pour la peine je vais lui tendre une grosse perche qu’elle n’hésiteras pas à saisir (mmmm c’est bon ça, saisis ma perche coquine !)
« Et donc le moteur ressemble à celui des Harleys niveau sensations ? »
- t’as jamais essayé de Harley ?
- nooooon, pourquoi ?
- tu veux en essayer une ?
- rhoooo…tu crois, je peux ?
Et banco, je me retrouve le cul sur une authentique 1200Custom chromée jusqu’au bout des ongles, avec le guidon haut et la position qui va bien « feet first »
Le moteur au ralenti semble vouloir caler à tout instant, une bonne rigolade en perspective ! Bon soyons francs, je suis un dégonflé, j’ai pas osé lui infliger les tests de wheelings, mais j’attaque la double voie bien décidé à lui mettre un peu dans la couenne. 160 à bloc, avec malgré tout la tête moins arrachée que sur les Buell.
Allez, on sort, le rond point, je freine….je freine….JE FREIIIIIIIIINE ! Mais y a pas de frein la dessus !le simple disque avant se révèle à peu près aussi efficace que l’arrière des Buell, c’est pour dire. Par contre l’arrière se montre efficace, surtout associé au frein moteur important. Virolos, crrrr…et merde, je m’étais juré de ne pas la faire frotter, ça commence mal. La moto est longue et malgré une agilité toute relative, les virolos sont abordés avec sérénité, ce qui me permet d’apprécier l’atout majeur de cette brêle – en ce qui me concerne- j’ai nommé le SENTI DE PISTON !
Et ouais, n’en déplaise aux bourricots parisiens, cette Harley est une machine à donner du senti de piston, un vrai bonheur de sortir de courbe sur le gras du couple même si le bruit n’est pas assez présent à mon goût. Je ne saurais pas dire à quel régime le moteur est le plus agréable (pas de compte tours) mais la souplesse est au moins équivalente aux Buell, avec des sensations moteur supérieures à bas régime, mais sans l’allonge des Buell.
Et voila ! En résumé je repars sans préférence bien établie, si ce n’est la XB9SX qui m’a tapé dans l’œil ainsi que la douceur et la souplesse de ces moteurs qui m’ont régalé. Avec un dépucelage Harley en prime, c’était une bien bonne journée.
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