C’est à l’occasion d’une petite balade en Ardèche que j’ai eu l’occasion de tester la toute récente APRILIA 750 SMV Dorsoduro de Nico.
Présentations
La Dorsoduro, littéralement « dos dur » en italien, tire son nom du seul quartier de Venise construit sur un sol rocheux, et non pas marécageux comme le reste de la cité. Pas de panique, cet aparté culturel n’a pas pour but d’étaler ma culture éblouissante, il suffit de deux clics dans google pour en connaitre autant, mais c’est une façon d’en arriver à ma première constatation : la Dorsoduro a la selle dure !
Une fois assis, la position est tout à fait naturelle, le guidon est large et bien positionné et la selle semble relativement haute, je pose difficilement les deux pieds à plat du haut de mon mètre 78.
Pourtant, les débattements de suspensions sont particulièrement réduits : à peine 160mm pour l’arrière et l’avant, soit 50mm de moins que mon ex- 690SM, mais la forme de la selle est certainement la cause de cette hauteur de selle plutôt élevée.
Techniquement, la sept et demi propose 92 cv pour un poids de 186kgs à sec, le tout pour un tarif d’un peu moins de 9000€.
Esthétiquement, la moto est plutôt jolie, avec une caractéristique assez courante chez Aprilia : un arrière magnifique, avec un pneu ultra large, un feu à diodes effilé et deux silencieux magnifiquement intégrés, mais une partie avant correcte, sans plus. Cela dit, force est de reconnaitre qu’avec la RSV4, Aprilia a enfin réussi à faire une moto avec une belle gueule ET un beau petit cul.
Enfin, le coloris noir de la moto de Nico évite les fautes de gout habituelles des Aprilias type Tuono à damiers ou aux coloris patchworkesques bleu/blanc/rouge/bronze/doré…
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Ignition !
Une fois la clé de contact tournée, l’écran du tableau de bord nous affiche un joli dessin du profil de la Dorso, et tout un tas d’informations plus ou moins intéressantes. La première qui intrigue est celle du mode d’injection, qu’on peut régler au choix sur S, T ou R comme Sport, Touring et Rain.
Pour aujourd’hui, je reste en mode Sport, et ce pour 3 raisons, la première c’est que j’ai pas l’intention de faire du tourisme, la 2° parce que Nico sait pas comment changer de mode et la 3° parce que moi non plus ! Sauf erreur, le tableau de bord n’indique pas le rapport engagé, personnellement j’aurais trouvé ça plus utile qu’un bô dessin mais bon, pas rédhibitoire pour autant.
Le Cheylard, Pit stop traditionnel des virées ardéchoises, je prends le guidon de la bête en direction de St Agrève, une portion classique mais efficace, gavée d’enchainements de virages au revêtement plus que correct. L’aprilia se révèle tout d’abord très douce, ne cognant que sous les 2000 tours.
Le bruit des échappements est rageur à la décélération, émettant un Broooo très sympa, un peu à la manière de la supermémé d’Olive, mais est relativement timide à l’ouverture des gaz. La gestion « ride by wire » de la poignée de gaz laisse entrevoir quelques hésitations au moment d’ouvrir en grand, un peu comme si la moto réfléchissait avant de bien vouloir envoyer la purée, ça dure pas longtemps mais suffisamment pour être ressenti de façon aléatoire.
A l’instar de la selle, les suspensions semblent fermes de prime abord, on est loin du confort de la 690 SM auquel j’étais habitué mais encore une fois ce n’est pas le tourisme qui m’intéresse dans l’instant et comparé à la Ninja, l’Aprilia offre un confort tout à fait satisfaisant. Passés les 5 premiers kilomètres de prise en main et de chauffe des peu-neus, les sirènes de la virole m’envoutent et je passe en mode Sport tout comme ma monture.
En bon supermot’ qui se respecte, la moto se balance relativement facilement mais ne donne pas un grand retour d’informations en provenance du train avant, limitant de fait les entrées en courbe sauvages, je freine, j’attends d’être sur de l’appui du pneu, j’angle et je soude en sortie. Concrètement y a moyen d’être rapide mais une sportive bien suspendue permet de zapper la 2° étape assez facilement.
Et puisqu’on parle de freins, profitons en pour analyser l’Aprilia : peu de garde au levier, de la puissance mais malheureusement aucun mordant sur ce système full-radial. Un point certainement perfectible avec un autre jeu de plaquettes bien rodé. L’arrière est efficace et loin d’être piégeur comme feue ma KTM et son système « spécial tout droits »
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Le moteur
Il est souple dès 2000 trs, ça on l’a dit, mais et après ?
A ce stade, première déception : le twin manque cruellement de couple à mi-régime, une constatation assez curieuse car je n’avais pas ressenti ça sur sa frangine la 750 Shiver. Sur le supermot’, la puissance tarde à pointer le bout du nez et en mode attaque, point de répit sous les 7000 tours, voire même 8000 pour la vraie poussée bien velue.
Encore une fois on retrouve une spécificité des Aprilias : un moteur sans patate sur les mi-régimes mais avec une allonge digne d’un quatre cylindres ! La fiche technique ne contredira pas les sensations avec une puissance maxi obtenue à 8750 trs/min.
Bon, admettons donc que cette moto à vocation sportive ait un moteur qui s’exploite de façon sportive, d’une certaine manière c’est cohérent. Oui, mais…
Mais voila, après St Agrève, la départementale sinueuse en direction de Lamastre découvre un bitume un peu moins bichonné par la DDE, laissant entrevoir le 2° point faible de ma monture : la tenue sur le bosselé.
Pas de gros défaut à signaler, la moto reste saine, mais en la jetant sur l’angle sur une compression ou une petite bosse, elle envoie de grosses ondulations qui empêchent de se sentir pleinement en confiance.
Entendons nous bien, cette moto n’est pas un saucisson et permet de tenir un rythme plus que correct, mais pour peu qu’on soit en chasse d’un lapin bien coriace, cette dernière ne sera pas la meilleure arme pour punir l’insolent et risque de vous laisser sur votre faim plus d’une fois ! En terme de maniabilité, le grand guidon fait du bon boulot mais les 200 kgs tout pleins faits ne la rendent pas aussi efficace qu’une petite 690 dans les mêmes conditions, elle sera clairement plus à son avantage sur une route permettant d’exploiter les 92cv du bicylindre.
Petits points de détail observés au passage : la boite est assez rêche et les wheelings en 2 semblent assez difficiles, quant à l’autonomie, la réserve s’allume au bout de 150 km environ.
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Conclusion
Non, cette meule n’est pas une daube ! Elle offre une position agréable, un moteur puissant, un look très sympa et un comportement routier dans la bonne moyenne.
En revanche, si vous aimez le senti de piston, préférez une Ducati Hypermotard, si vous cherchez la maniabilité d’un vrai supermotard, optez pour une 690 KTM, et si vous aimez les partie cycles irréprochables, le 990 SMR sera le choix évident !
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